La première période étant achevée, il est temps d'établir un premier bilan sur ladite refondation de l'école.
Et on ne peut pas dire que ce soit bien folichon.
Depuis le début du mois de septembre, les salles des maîtres ressemblent plus à un bureau des complaintes qu'à un espace de réflexion et de concertation. Et il y a de quoi.
Les nouveaux rythmes sont une course contre la montre.
La mort des mercredi libérés déplace les temps de formation et de concertation sur les mercredis après-midi, le soir après la classe et sur la pause méridienne ; la surcharge de documents administratifs à remplir pour rendre des comptes (4 documents pour l'APC, PPRE, tableau des 108h,...) est une perte d'énergie inutile ; et la préparation de classe empiète de plus en plus sur le temps personnel.
Cette nouvelle organisation est un véritable casse-tête pour les équipes notamment pour les directeurs qui, sur le temps de décharge et aussi le plus souvent sur le temps personnel, doivent planifier les différents conseils et l'Aide Pédagogique Complémentaire.
Les enseignants arrivent en fin de période sur les rotules, se sentent contre-productifs dans leur travail d'équipe effectué au moment où ils sont épuisés et ressentent une certaine inefficacité pédagogique.
Selon les grandes messes, cette nouvelle organisation a pour objectif la réussite pour tous en réduisant la fatigue des élèves, et en offrant à tous la possibilité d’accéder à des activités sportives, culturelles et artistiques.
Or cette réforme est loin de faire ses preuves.
A Toulouse, les nouveaux rythmes se traduisent par un allègement de journée de classe de 15 minutes (tout ça pour ça...), mais la baisse de la fatigue des élèves ne se fait pas ressentir. Au contraire, le rythme est de plus en plus soutenu : les écoles maternelles se voient réduire le temps de sieste pour participer aux activités, et en élémentaire, le temps de la mise en route des séances laisse peu de place aux apprentissages.
Concernant les activités périscolaires, elles ne sont pas accessibles à tous. Vincent Peillon annonçait qu'aucun enfant ne serait dehors avant 16h30, or dans les écoles qui terminent la classe à 16 heures, certains élèves rejoignent le CLAE et d'autres sont lâchés dans la rue.
Les inégalités sociales ne cessent de se creuser.
Au delà de la question des rythmes, les conditions de classe restent les mêmes : des élèves sans enseignant, sans classe, sans mobilier (sans repère...) dès la rentrée, des classes surchargées, la quasi disparition des RASED et leur manque de disponibilité...
Les conditions ne sont pas réunies pour un accompagnement individuel et par conséquent, la difficulté scolaire persiste et s'aggrave.
C'est aussi sur un rythme essoufflé que les parents subissent cette réforme. L'uniformisation des horaires à Toulouse ne leur permet pas d'être à la fois à la maternelle et à l'élémentaire pour récupérer les fratries.
Pour élargir au personnel qui travaille dans et autour de l'école, c'est la course aussi.
Après la classe en maternelle, les ATSEM passent du cadre-classe au cadre-animation sans temps de pause et se retrouvent seules à devoir proposer des activités spécifiques alors qu'elles n'ont reçu aucune formation.
Le mercredi n'étant plus libéré, l'effectif des élèves qui restent l'après-midi à la garderie municipale augmente sans personnel de surveillance supplémentaire.
Pour les agents techniques, non seulement ils ne peuvent plus faire faire « le grand ménage » le mercredi matin, mais aussi, les ouvertures de classes ne semblent pas être synonymes d'ouverture de postes. On leur demande de faire plus de classes, plus vite, plus...
Encore une fois, cette réforme fait écho au « travailler plus », mais on se demande encore pour gagner quoi, mis à part le mépris des dirigeants envers ceux qui sont sur le terrain et les futurs citoyens.
L'école du peuple et le changement, c'est pas pour maintenant...