Désormais, la grève des correcteurs du bac est une réalité : exceptionnelle, historique, à la mesure de l’attaque sans précédent que représentent les réformes menées par M. Blanquer contre les principes fondamentaux de l’école républicaine, et en particulier contre le principe d’égalité des chances.
Dans nos académies d’Île-de-France, de nombreux correcteurs se sont résolus à mener ce bras de fer, afin de réaffirmer leur opposition totale à cette politique de l’éducation et au modèle de société qui la sous-tend.
Les correcteurs grévistes ont voté hier à l’unanimité lors d’une AG à l’ampleur sans précédent de prolonger leur mouvement de grève jusqu’au jeudi 4 inclus, jour où devaient se tenir les réunions des jurys qui délivrent le diplôme et décident du passage de certains candidats à l’oral du second groupe. Par conséquent les notes des copies dont ils ont assuré la correction ne seront pas saisies – à moins que le ministre n’ouvre des négociations - avant au moins le vendredi 5 juillet.
Dans ces conditions il est absolument impossible qu’un grand nombre de jurys de délibération aient lieu, comme prévu, le jeudi 4. Ils seront donc reportés à une date ultérieure, ainsi que la publication des résultats de l’examen, initialement prévue vendredi 5 juillet.
Nous tenions à en avertir les collègues qui ne se seraient pas investis dans la mobilisation, car certains viennent de très loin, afin qu’ils ne se rendent pas pour rien ce jour-là dans les centres d’examen, où ils seront, selon toute vraisemblance, reconvoqués dans les jours suivants. Nous les invitons par ailleurs à répondre à l’appel à la grève lancé par un certain nombre d’AG régionales, même s’ils ont fait le choix de rendre leurs notes ce mardi 2 juillet. Ils seront couverts par les préavis de grève intersyndicaux pendant toute la période des examens.
Nous tenions également à en informer les élèves et leurs familles, en leur rappelant ceci : c’est le ministre seul qui porte la responsabilité de cette grève depuis longtemps annoncée, par son refus de tout dialogue, son autoritarisme et son mépris - non seulement à notre égard, mais également à l’égard des élèves. Nous dénonçons ses menaces juridiquement infondées de sanctions, dont la mise à exécution porterait une atteinte inadmissible au droit constitutionnel de grève, et qui n’ont fait qu’exaspérer davantage les collègues partout en France et les ont renforcés dans leur détermination.
Car la vraie raison de notre colère, c’est le sort qui est réservé aux générations de futurs bacheliers. Inutile d’enseigner les mathématiques pour faire le calcul : en repoussant de quelques jours les résultats des 743 594 candidats qui passent le bac cette année, nous prenons la défense des millions de jeunes gens qui passeront un bac qui aura perdu sa valeur nationale, et qui sera reconnu différemment selon l’endroit où on a eu la chance ou la malchance de le passer.
Il appartient normalement au rectorat d’envoyer de nouvelles convocations et d’assumer le report des échéances. Mais, si l’attitude du ministère est reprise dans les académies, il y fort à penser qu’ici encore, on tentera d’opposer à la réalité de la colère du monde enseignant cette réaction de déni qui dissimule son impuissance derrière des éléments de langage vides et une communication mensongère.
Enfin, si le ministère prend le risque de maintenir les jurys de délibération jeudi 4 juillet, ce ne pourra pas être dans des conditions équitables pour les candidats. En décidant, par exemple, de remplacer une note manquante par une note tirée d’une moyenne annuelle de l’année de terminale, il détruirait l’égalité des candidats face aux épreuves, en avantageant les uns et en désavantageant les autres, ce qui ne serait en aucun cas acceptable. Mais il semble que, précisément, ce que cette politique éducative méprise par-dessus tout, ce soit l’égalité. Nous tenions donc à alerter les candidats sur les conditions dans lesquelles le diplôme leur serait ou non délivré.
Enfin, nous souhaitons bon courage et bonne réussite à tous les élèves de France, qui sont nos élèves, et que nous avons préparés de longue date à cet examen.
L’AG des grévistes de Toulouse.