La mesure d’interdiction des « abayas » annoncée par Gabriel Attal, nouveau ministre de l’éducation nationale, à quelques jours de la rentrée est dans la continuité d’une longue habitude de restrictions et injonctions visant une fois de plus les jeunes filles en général, et celle de confession musulmane en particulier.

Les propos de notre ministre pour justifier une telle mesure (« la république est testée, nous devons faire bloc ») s’inscrivent dans la sinistre théorie raciste du grand remplacement, que ce gouvernement porte désormais sans aucune honte.

Juger de la religiosité d’un vêtement reviendrait à juger différemment un acte selon la personne qui le porte, et à appliquer une différenciation basée sur le faciès.

Le principe de laïcité, a vocation à garantir la liberté de chacun·e. Elle devient ici un instrument normatif qui interdit les expressions culturelles et dicte comment les individus doivent se vêtir et s’exprimer. En outre, il n’appartient pas aux membres de la communauté éducative de juger la nature des vêtements des élèves. La laïcité doit être la défense de la neutralité de l’Etat et la liberté de croire ou ne peut pas croire, et en aucun cas viser une religion spécifique.

Aujourd’hui, de nombreux sujets autres que celui des « abayas » devraient préoccuper notre nouveau ministre : lutte contre le décrochage et les inégalités scolaires, manque de moyens, manque d’attractivité de nos métiers, harcèlement scolaire, salaires, précarité, etc.

Pour autant, le choix de faire des musulmanes une nouvelle fois les cibles d’un discours stigmatisant et raciste n’est pas à prendre à la légère. Ce n’est pas uniquement un « contre-feu » aux attaques destructrices contre l’École qui se poursuivent et s’amplifient. Les élèves visées sont bel et bien l’objet d’une suspicion raciste continue et d’une obsession islamophobe, que nous devons combattre avec force.

Dans l’esprit des orientations de notre confédération, la CGT Educ’action Haute-Garonne dénonce avec force cette nouvelle attaque contre les jeunes filles en général et les musulmanes en particulier ainsi que le dévoiement de la laïcité à des fins de stigmatisation. Elle se porte aux côtés de celles et ceux qui sont depuis des années les cibles d’un discours raciste qui se développe. Face à cette idéologie nauséabonde, nous appelons les collègues à la vigilance et à faire remonter toute situation qui pourrait paraître problématique.

Toulouse le 30 août 2023