Les enseignants de Pierre d'Aragon à Muret : Pourquoi nous allons
occuper le lycée
La grogne s'amplifie depuis le 15 février contre le projet de réduction des effectifs enseignants et non-enseignants dans l'Education nationale.
Entre autres à Toulouse le collège en zone ZEP de Bellefontaine est ainsi en grève pour ces raisons depuis le 18 mars.
Près de Saint-Gaudens c'est l'école primaire de Sengouagnet et ses parents d'élèves qui se mobilisent contre les fermetures.
Á leur tour les enseignants du lycée Pierre d'Aragon de Muret promettent une «occupation nocturne» de leur établissement ce lundi 31 mars. Ils expliquent le mouvement des profs :
«Nous ne menons pas un combat corporatiste ! Les enseignants refusent d'accomplir les heures supplémentaires correspondant à des suppressions de postes. La surcharge
de travail ou la surcharge des effectifs entraînerait en effet une dégradation réelle de l'enseignement qu'ils
ont le devoir d'assurer auprès des élèves.
Les élèves ne sont pas des machines ni du matériel interchangeable mais des personnes charmantes et intéressantes même lorsqu'elles sont parfois indisciplinées qui réclament une
attention de chaque instant et une écoute réelle.
C'est pourquoi le premier mouvement des enseignants consiste dans ces conditions à refuser de gagner plus d'argent (trois ou quatre heures supplémentaires représentent près de
400 euros). Cela peut paraître étonnant mais nous affirmons ici que la plus grande partie des enseignants veulent gagner leur vie honnêtement c'est-à-dire sans nuire à leurs élèves.Les
suppressions de postes correspondent pour moitié seulement à des départs en retraite. De jeunes professeurs arrivés à leur poste voient celui-ci supprimé. Par ailleurs chaque départ en
retraite non remplacé entraîne souvent la suppression d'une classe le regroupement des élèves dans des classes surchargées soit 36 élèves ou plus.
La suppression programmée par le gouvernement de 80.000 postes d'ici 2012 ne signifie cependant pas nécessairement 80.000 enseignants en moins.
Ils seront seulement de plus en plus précarisés ou bien affectés sur deux ou trois établissements.En dégradant la stabilité des équipes on détruit plutôt qu'on ne construit des
pédagogies cohérentes pour les élèves. Il s'agit pour l'Etat de faire des économies dans le plus gros de ses budgets celui de l'Education. Ces économies sont présentées par le
Ministre comme le résultat d'une simple réorganisation des affectations d'enseignants.
En fait il y aura suppression de classes et regroupement des élèves de niveaux différents pour l'enseignement du latin du grecde l'anglais et de l'allemand et disparition des options Arts
plastiques et Éducation Musicale..
Derrière cette «réorganisation» se profile un appauvrissement du nombre des matières à enseigner (Livre Blanc du Ministre de L'Education). Les Rectorats font des moyennes surprenantes
qui reviennent à additionner les pommes et les carottesce qui aboutit à d'étranges calculs : «si on additionne tous les élèves de Secondesde Premières de Terminales et qu'on
divise par le nombre de professeurs cela donne 25 élèves par enseignant et donc tout va bien
Enfin la «qualité de l'enseignement» concerne autant les élèves que les professeurs. Selon les rectorats ou le ministère elle serait réalisable même dans des classes surchargées. Nous désirons
savoir ce qui justifie une telle affirmation que nous contestons».
Les professeurs du Lycée Pierre d'Aragon à MURET (Haute Garonne)