Les jugements expéditifs et rapides des tribunaux militaires ont laissé de graves séquelles psychiques chez les individus comme dans les familles.
Les
Antoine Morange ,Félix Baudy et Henri Prébost étaient des militants du syndicat des maçons et aides de Lyon de la Confédération Générale du Travail .Ils ont été fusillé pour l'exemple le 20 avril 1915 à Flirey, suite au refus collectif de leur compagnie de remonter à l'assaut de la crête de Mort-Mare.
Circonstances de la peine
Le 19 avril 1915, une attaque devait avoir lieu à Mort-Mare, afin d'enlever une tranchée encore occupée par les Allemands au centre d'une première ligne conquise quelques jours plus tôt avec la
perte de 600 hommes. Les troupes d'assaut avaient été tirées au sort et le hasard avait désigné l'une des compagnies fortement malmenées les 3, 4 et 5 avril lors des combats sur la route de
Thiaucourt.
Au signal de l'attaque cette compagnie de 250 hommes refuse de partir à l'assaut et de quitter la tranchée: « ce n'est pas notre tour d'attaquer » disent-ils. Quelques instants auparavant, parmi les quinze hommes qui venaient de sortir de la tranchée douze avaient été tués ou blessés et restaient là, sous les yeux de leurs compagnons.
Le général Delétoile ordonne que les 250 soldats passent en cour martiale pour délit de lâcheté afin d'être exécutés. Après l'intervention d'autres officiers, cinq hommes sont finalement désignés et comparaissent, pour une parodie de procès. L'un d'eux est acquitté. Deux hommes ont été choisis par tirage au sort dont le soldat François Fontanaud.
Les trois autres : le caporal Antoine Morange , les soldats Félix Baudy et Henri Prébost , lui aussi ouvrier maçon, ont été désignés par leurs supérieurs en raison de leur appartenance syndicale à la CGT. Le général Joffre de passage dans le secteur aurait refusé sa clémence exigeant la plus grande sévérité à l'égard de la compagnie.
Le 20 avril, le caporal Antoine Morange, les soldats Félix Baudy, François Fontanaud et Henri Prébost sont fusillés à la lisière d'un bois de Manonville.
Les fusillés pour l'exemple de Flirey s'ajoutent à ceux de Vingré, Fontenoy, Fleury, Mouilly, Montauville... En quatre ans, 2 400 « poilus » auront été condamnés
à mort et 600 exécutés, les autres voyant leur peine commuée en travaux forcés.
Mémoire
La sépulture de Félix Baudy se situe dans le cimetière communal de Royère-de-Vassivière où une plaque, réalisée par ses amis maçons, y est posée avec cette inscription:
"Maudite soit la guerre - Maudits soient ses bourreaux - Baudy n'est pas un lâche - Mais un martyr".
Chaque 11 novembre des militants de divers horizons viennent déposer une gerbe sur la tombe de Félix Baudy dans le cimetière de Royère-de-Vassivière, après s'être recueillis devant le monument
aux morts pacifiste de Gentioux.