Bercy vise près de 34 000 suppressions de postes de fonctionnaires en 2010
[ 07/05/09 ]
http://www.lesechos.fr/info/france/4861825-bercy-vise-pres-de-34-000-suppressions-de-postes-de-fonctionnaires-en-2010.htm
Le ministre du Budget a entamé les discussions avec les principaux ministres, cette semaine, pour négocier leur plafond d'emploi pour 2010. Les départs à la retraite, estimés à 68 500 l'année prochaine, pourraient être un peu moins nombreux que prévu du fait de l'allongement des durées de carrières.
La résorption du déficit public en sortie de crise ne passera pas par des hausses d'impôts mais par une baisse de la dépense. Martelé depuis des semaines, ce principe trouve une première traduction concrète à l'occasion des négociations entamées, cette semaine à Bercy, sur les plafonds d'emploi qui s'imposeront en 2010 dans chaque ministère. Des discussions sont menées depuis février avec les conseillers budgétaires de chacun d'entre eux.
L'heure est maintenant aux tête-à-tête entre Eric Woerth, en charge du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, et les principaux ministres. Les débats, qui ont débuté il y a quelques jours pour s'achever la semaine prochaine, sont encore plus compliqués que les années précédentes : pour la première fois, le gouvernement entend en effet appliquer strictement le principe du non-remplacement de la moitié des fonctionnaires partant à la retraite. « La France doit réduire ses frais de fonctionnement pour accroître ses capacités d'investissement. Quelles que soient les difficultés, je ne reviendrai pas sur mon engagement de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite », a martelé Nicolas Sarkozy fin mars, lors de son déplacement à Saint-Quentin. Les salaires et retraites des fonctionnaires représentant 43 % des dépenses de l'Etat, la réduction des effectifs est, pour lui, la pierre angulaire de la maîtrise des dépenses publiques. « La fonction publique n'est pas la plus exposée à la crise », a défendu, de son côté, Eric Woerth, lundi.
Peu de ministères épargnés
En 2008, le taux de non-remplacement s'était limité à 33 %, ce qui aurait dû mener à la suppression de 22 791 postes. Ce chiffre a été, au final, légèrement supérieur (22 900). En 2009, il devrait atteindre 44 %, soit 30 529 suppressions d'emplois. Il sera de 50 %, en 2010 comme en 2011, promet Bercy, espérant que François Fillon saura résister au « lobbying » de chacun lors des ultimes arbitrages, courant juillet. Eric Woerth part sur l'hypothèse de 68 500 départs l'an prochain, selon les dernières estimations de l'Inspection générale des finances, soit à peu près autant qu'en 2009 (68 740). La stricte application du non-remplacement d'un départ sur deux doit donc porter le nombre de suppressions de postes « entre 33 000 et 35 000 », indique-t-on à Bercy. L'économie générée atteindrait alors 956 millions d'euros, dont la moitié allouée au pouvoir d'achat des agents.
Les prévisions de départs à la retraite peuvent cependant évoluer à la marge. En effet, la réforme de 2003 a provoqué un rallongement des durées de carrière, qui pourrait mener à une réduction des départs l'an prochain, dans une fourchette comprise entre 5 % et 15 % selon les ministères. A Bercy, par exemple, l'âge de départ à la retraite a été reporté de près d'un an rien qu'entre 2005 et 2007 : il est passé de 59,2 à 60,1 ans en moyenne. Cette année, il pourrait même approcher le cap de 61 ans. Le nombre de départs, qui était estimé à 6 958 en 2010 pour le ministère de l'Economie et des Finances, est ainsi révisé autour de 6 600, ce qui réduit aussi, en principe, le nombre de suppressions de postes.
Bien peu de ministères devraient être épargnés par la règle du « 1 sur 2 ». Les universités, qui auraient dû renoncer à 450 postes l'an prochain, n'en perdront finalement aucun, suite à la mobilisation des enseignants-chercheurs. La Justice (2 054 départs prévus en 2010), qui poursuit la modernisation de l'administration pénitentiaire, devrait être, elle aussi, partiellement exonérée. L'Education nationale, qui remplace encore 62 % des départs cette année, devra en revanche faire mieux l'an prochain. Et pour atteindre l'objectif du « 1 sur 2 », certains ministères devront renoncer à plus de la moitié des postes libérés par leurs jeunes retraités. Bercy devrait montrer l'exemple avec un taux qui, comme en 2009, pourrait avoisiner 55 %. La Défense, le ministère du Développement durable et les Affaires étrangères sont, eux aussi, en ligne de mire.
LUCIE ROBEQUAIN, Les Echos.