A l'occasion de ce 49e congrès, un véritable débat doit se mener sur l’orientation syndicale et sur les structures. Il s’agit aujourd’hui de dire clairement quelle CGT nous voulons, avec quelle orientation et quelle organisation. Nous ne développerons pas ici le 1° point mais nous voulons tout de même faire part de notre profond désaccord quant à l’abandon, dans les documents préparatoires, de toute référence à la lutte de classe, au profit d’un concept ambigü et flou tel que le « développement humain durable » C’est particulièrement choquant, au moment même où les travailleurs luttent pied à pied contre les conséquences dramatiques de la crise et contre le démantèlement des services publics. Plus que jamais, nous avons besoin d’un syndicat au service de la lutte de classe. Cela passe aussi par une organisation et des structures qui soient au service de la lutte, et puisque le document est axé sur les structures, nous interviendrons plus particulièrement sur ce 2°point.
Sur l’ensemble des résolutions sur les structures.
Nous affirmons la nécessité des structures de proximité. La CGT a un héritage riche d’organisation par son maillage entre le territoire et l’entreprise. C’est l’alliance des deux, qui permet à la CGT d’éviter les corporatismes et de travailler au plus près des revendications des travailleurs. C’est le croisement de ces deux champs qui donne au syndicat sa richesse et permet d’élaborer des revendications globales
Dans le contexte actuel, la syndicalisation est effectivement un défi primordial que doit relever le syndicalisme, mais l’adhésion est un acte militant, ce doit être un choix.
Adhérer à la CGT pour beaucoup c’est adhérer à un syndicat de lutte, de revendication, c’est aussi pour dire stop à l’exploitation, souvent au départ à cause d’une situation personnelle ….Cela suppose que le syndiqué doit être acteur de sa lutte dans une logique personnelle mais aussi collective entre les travailleurs et les travailleuses (selon les situations défense individuelle ou lutte contre des licenciements…). Ainsi l’adhésion, c’est le syndicat qui peut la porter, c’est le syndicat qui peut accueillir le nouveau syndiqué et le former. La formation est effectivement un point primordial à développer pour donner les moyens au syndiqué d'agir dans l'entreprise, de convaincre et de rassembler autour de lui pour établir un rapport de force.
Dans d’autres pays d’Europe, tel l’Allemagne, la Belgique, les taux de syndicalisation sont plus élevés. Mais est-ce parce que les syndicats ont autant d’adhérents qu’ils sont plus combatifs ? Les forts taux de syndicalisation favorisent-ils la lutte ? Bien sûr que non. Comme la CGT l’a maintes fois affirmé, nous avons besoin de « syndiqués acteurs », acteurs et moteurs, (pas un syndicat uniquement de cotisants) et c’est dans un collectif uni par la défense de ses intérêts immédiats que peut agir efficacement le syndiqué.
Sur les résolutions 4 et 5
Nous réaffirmons l’importance du syndicat professionnel d’entreprise comme première structure de la CGT.
Le syndicat est un outil pour la lutte : il permet aux travailleurs de se rassembler, de formuler des
revendications face à un employeur. C’est le syndicat qui fait adhérer, qui permet au syndiqué de s’impliquer dans la vie syndicale. C’est par le syndicat que peuvent prendre corps les
mobilisations et les revendications.
Dans le contexte actuel de restructurations capitalistes, les structures de travail sont en perpétuel bouleversement, que ce soit dans le privé, par le biais des refontes d’entreprises ou le jeu
de la sous-traitance, ou dans le public par le biais de la décentralisation ou de la RGPP, qui refondent les services. Ces restructurations visent à casser les équipes de travail, à développer
l’individualisme : ce sont aussi des attaques contre l’outil syndical. Nous en avons un exemple au niveau de l’éducation nationale. Lorsque des
collègues sont sur plusieurs établissements, comment les intégrer à une section d’établissement ? De même, sur un même établissement, on trouve plusieurs employeurs : l’état, le conseil
régional ou général L’outil syndical doit donc effectivement s’adapter. Mais ce qui doit nous guider c’est de conserver la structure syndicale comme outil face à l’employeur. C’est donc par la
base, par le syndicat d’entreprise que doivent se faire les changement éventuels.
Nous pensons aussi que la CGT est déjà dotée d’outils qui peuvent permettre, si on les perfectionne, de résoudre certaines des questions qui se posent pour la syndicalisation : ainsi, l’UL permet au travailleur isolé en l’absence de syndicat d’entreprise de prendre contact et de se défendre, le syndicat départemental au niveau d’une branche peut aussi prendre le relai en l’absence de section ou de syndicat dans l’entreprise.
C’est pourquoi, la démarche préconisée dans la résolution ne nous parait pas adaptée. Nous ne sommes pas pour l’immobilisme, mais une démarche « d’en haut »ne permettra pas de résoudre correctement ces questions. Nous craignons une lecture de la résolution 4 qui inciterait au nom de l’efficacité et des critères définis, à redéfinir le « périmètre » des syndicats en visant le rassemblement hétérogène et non la communauté d’intérêts objectifs communs. Au final, cette organisation s’avèrerait inefficace, démobilisatrice et non créatrice de dynamiques.
Ce sont des questions trop importantes pour « mandater la CE confédérale pour proposer au Ccn d'identifier ces espaces et leur principe de fonctionnement ». Cette démarche verticale, ne favorise pas la démocratie au sein de notre syndicat.
De la même façon, le dispositif national « accueil adhérents » ne correspond pas à la démarche habituelle d’un travailleur qui cherche à se syndiquer. L’adhésion se fait en général au plus près du travailleur, soit par l’UL, soit par l’UD, soit par le syndicat d’entreprise. C’est la structure de proximité qui connait le terrain qui peut orienter le syndiqué vers une structure de base ou le réorienter en cas de changement de sa situation professionnelle.
Sur la résolution 6
Là aussi, nous pensons que la démarche proposée ne convient pas.
Nous nous interrogeons d’abord sur la pertinence de tout bouleverser, que ce soit au niveau du champ professionnel qu’au niveau du champ territorial, alors qu’avec le développement de la crise et les attaques d’un gouvernement agressif, le mouvement syndical a bien d’autres priorités. De plus, les structures de proximité (UL et UD) ont fait leurs preuves : elles permettent, nous l’avons encore vu au printemps dernier et lors de la campagne prudhomale, un maillage favorable pour mobiliser et organiser.
Par ailleurs, la résolution 6 semble remettre en cause l'intérêt et l'utilité des UL, premières structures de proximité. L’UL CGT ne peut se résumer à un simple accueil des travailleurs et des travailleuses, ni se transformer en une « antenne locale » ou « permanence locale ». C’est aussi là que se forme la solidarité militante interprofessionnelle des militants engagés dans les luttes professionnelles (Freescale, continental, EDF à Toulouse…).C'est avant tout un lieu d'échange, de solidarité et de luttes interprofessionnelles. Elles permettent aussi au travailleur isolé de se syndiquer, de se former, d’échanger. L’objectif étant toujours de constituer ensuite des syndicats, autant d’unités de lutte dans les entreprises. Pour nous, il s’agit de réaffirmer la place centrale de l’union locale comme ossature fondamentale du syndicalisme confédéré. Il faut au contraire les redynamiser et ne pas en faire un lieu d’enregistrement.
Nous concluerons sur la résolution 7 dont la brièveté nous interpelle. Quant au « projet de règlement intérieur » dont le rôle n’est pas défini, quelle peut être son utilité alors qu’il existe des statuts ? Nous espérons qu’il ne s’agirait pas là d’une tentative de museler la parole alors que le débat d’idées fait aussi la richesse de notre organisation et qu’il faut au contraire le faire vivre.