LES ETUDIANT-E-S CHILIENS EN LUTTE
Six mois de mobilisations des étudiants dans un mouvement qui traverse les grandes villes de tout le pays et tient le gouvernement chilien en échec.
Depuis avril 2011 jusqu'aux premiers jours de novembre, les étudiant-e-s restent engagé-e-s dans sa demande de réforme totale de l'université.
Un long processus de prise de conscience et une histoire de lutte.
On peut dire que c'est à partir de 1981, en pleine dictature d' Augusto Pinochet, que ce mouvement commence, quand sont détruites les universités publiques à caractère national et que s'impose une logique de marché dans l'éducation supérieure.
Il s'accentue dans les années 1990, une fois la démocratie instaurée, avec de nombreux conflits qui perdureront jusqu'en 2005 et 2006.
En 2006 s'enchaînèrent trois mois de protestations dans les rues, d'occupations d'écoles et d'un arrêt national de 800 000 étudiants dans l'enseignement secondaire.
Puis les mouvements continuèrent à se développer dans le milieu universitaire. Les étudiants obtinrent quelques infimes avancées concernant le système de bourses et de crédits aux étudiants. Mais en aucun cas, elles ne visèrent à des transformations structurelles, nécessaires dans l'éducation.
Aujourd'hui et ce, depuis avril 2011, au travers de six mois de luttes incessantes dans les grandes et petites villes du Chili, les étudiants exigent plus, se radicalisent et revendiquent la fin des profits, la nécessité d'une éducation gratuite et de qualité.
Ils sont soutenus par leurs parents et en relation avec des mouvements écologistes et sociaux de plus en plus populaires, notamment contre la concession d'immenses territoires du sud du Chili aux compagnies minières qui souhaitent y produire de l'hydroélectricité pour les nouvelles exploitations minières qu'elles creusent au nord.
Pourquoi se mobilisent-ils précisément ?
Ils l'expliquent dans un de leur tract qu'une de nos militantes a recueilli en août 2011 au Chili dans leurs propres mains.
Au Chili, l'Etat ne finance que 15% des dépenses éducatives nationales laissant les 85% restant à la charge des familles. Ce montant équivaut à 0,3% du PIB, un des plus bas du monde par rapport aux pays développés dont la moyenne est de 1,3% du PIB. De plus, près de la moitié de ces ressources va à seulement 4 universités laissant les autres dans l'endettement et l'autofinancement.
Ils expliquent que même des pays d'Amérique du Sud peuvent donner une éducation gratuite – ou de faible coût. Vu que le Chili a le PIB par habitant le plus élevé d'Amérique du Sud et qu'il est le plus grand producteur de cuivre au monde, il est potentiellement une des économies les plus riches de la planète.
Les étudiants dénoncent le contournement d'une Constitution, pourtant ultra favorable aux intérêts financiers, qui indique que le profit dans les institutions universitaires, même privées, est interdit. Or, de nombreuses universités privées reversent leur profit à leurs actionnaires sous la forme d'un loyer payé aux entreprises propriétaires des murs. Parmi ces profiteurs, le ministre de l'Education lui-même, qui n'a plus rien de la crédibilité déjà très faible qu'il avait.
65% des étudiants les plus pauvres désertent l'Université principalement à cause de problèmes économiques.
56,7% des jeunes ne trouvent pas de travail dans leur formation initiale et s'endettent pour mener leurs études à hauteur de 20.000.000 $C, soit environ 29.000 € qu'ils doivent rembourser.
La France est-elle si loin du Chili héritier de Pinochet et de ses Chicago boys ?
Par sa réforme dans l'éducation nationale, le gouvernement met en place une université ultralibérale qui mènera à écarter les enfants des travailleurs pauvres du domaine des études.