Quelques précisions sur les regrettables évènements de la Bourse du Travail de Paris, qui nuisent aujourd'hui à l'ensemble du mouvement pour la défense et la régularisation des sans-papiers.
Tout d'abord un communiqué de la CGT, dont la version des faits est superbement ignorée par les médias.
Ensuite une proposition du Réseau Education Sans Frontières (RESF), de longue date aux côtés des sans-papiers (contrairement à certaines organisations telles le CRAN qui se sont empressées de s'exprimer), pour sortir de la crise par le haut.
Communiqué de l'Union Départementale CGT de Paris
Occupation de la bourse du travail de Paris
La voie était sans issue
Dès le début de cette occupation, les délégués de la Coordination des sans-papiers 75 ont interdit tout contact entre ces travailleurs sans-papiers et la CGT, ses militants et les autres syndicats. Ces délégués ont cultivé l’idée que cette occupation de la Bourse du travail permettrait la régularisation des travailleurs sans-papiers isolés. C’est volontairement qu’ils ont conduit dans une impasse ces travailleuses et ces travailleurs qui, comme d’autres, auraient pu faire le choix de s’organiser dans les syndicats pour mener des luttes collectives à l’entreprise.
C’est parce que nous ne pouvions laisser perdurer cette occupation stérile que le mouvement syndical parisien a décidé de sortir ces femmes et ces hommes de cette impasse, et ce, sans faire appel aux forces de l’ordre.
L’intransigeance des responsables de la Coordination 75 a été constatée à plusieurs reprises à l’occasion des nombreuses réunions qui, sur l’initiative de la CGT, ont rassemblé les Unions départementales CGT, CFDT, FO, FSU et Solidaires, les associations de soutien aux travailleurs immigrés (Ligue des droits de l’homme, Autre monde, GISTI, RESF, CIMADE …) et la coordination 75 des sans-papiers.
Les syndicats et les associations ont réalisé des actes concrets :
participation de la
coordination 75 à la délégation qui a été reçue par le représentant du Préfet à l’occasion de la manifestation du 11 juin 2008 organisée par la CGT devant la Préfecture de police de Paris,
par courrier en date du 23 juin 2008, à la demande
de la coordination, les syndicats et les associations ont saisi le ministre de l’Immigration d’une demande de rencontre au sujet des travailleurs isolés en difficultés pour obtenir des contrats
de travail de leurs employeurs (1300 dossiers ont été recensés),
le 3 juillet 2008, à l’occasion d’une nouvelle
manifestation à l’initiative de l’UD CGT de Paris, la Coordination a fait partie de notre délégation et date a été prise avec les représentants du Préfet de police de Paris pour la remise de
leurs dossiers. Deux réunions à la Préfecture ont suivi, en présence et avec l’appui du secrétaire général de l’Union départementale CGT de Paris.
Ils ont formulé des propositions
parrainage par les
syndicats des dossiers relevant de la régularisation par le travail, y compris ceux des travailleurs individuels qui ne peuvent pas se mettre en grève,
appui par les associations des dossiers des
travailleurs non déclarés, sans contrat de travail ni bulletin de salaire,
appui par le réseau RESF des dossiers des familles
ayant des enfants scolarisés,
étude de tous les dossiers par les associations et
les syndicats, dans le cadre d’un travail en commun avec la Coordination des sans-papiers afin d’évaluer pour chacune des personnes concernées les chances objectives de régularisation afin de
réduire au maximum les risques encourus et procéder à la construction collective des dossiers.
Toutes ces propositions, pourtant très constructives et d’ordre pratique, ont été refusées par la Coordination au motif qu’il s’agissait de « leurs dossiers ». Qui peut comprendre une occupation motivée par un besoin d’aide et le refus de toute proposition ? Plus fondamentalement, comment comprendre que la coordination 75 des sans-papiers porte préjudice au mouvement syndical, et en particulier à la CGT, tout en faisant soi-disant appel à son soutien ?
Ces derniers mois, nous avons même entretenu des contacts réguliers avec le Haut Conseil des maliens de France avec lequel plusieurs réunions de médiation ont eu lieu. A plusieurs reprises nous avons pensé que nous arriverions à trouver une issue positive par la signature d’un engagement pour des luttes communes et la construction d’un rapport de force unitaire, mais en vain !
Que signifiait donc cette occupation qui, au fil des jours, était devenue un « squatt » dont nous ne voyions pas la fin ? Qui avait intérêt à cette occupation mise en œuvre deux semaines après la grande grève des salariés sans-papiers déclenchée, le 15 avril 2008, dans plusieurs dizaines d’entreprises d’Ile de France ? Qui gênons-nous et à qui faisons-nous de l’ombre ?
En tout état de cause, s’avérant sans effet sur les pouvoirs publics et le patronat, s’avérant surtout sans issue et paralysant l’activité des syndicats par la spoliation de la majeure partie de leurs locaux (sept salles de réunions, deux imprimeries, entrave à l’accès normal du site aux salariés et syndicats parisiens…), cette pression insensée sur le mouvement syndical, et la CGT en particulier, ne pouvait durer. C’est pourquoi, les syndicats CGT de Paris ont décidé d’y mettre fin avec la certitude d’avoir tout tenté par le dialogue.
La lutte se poursuit
La CGT, qui se bat quotidiennement aux côtés des travailleurs sans-papiers, comme aux côtés de tous ceux qui luttent dans ce pays, ne pouvait continuer à être prise pour cible. Elle devait retrouver la plénitude de ses moyens et faire cesser cette pression inadmissible parce que totalement injuste. Les responsables du désespoir des sans-papiers sont, eux, les véritables adversaires, mais ils sont ailleurs ! Il s’agit de ceux qui ont la culture du résultat et appellent à faire du chiffre en remplissant centres de rétention et charters et de ceux qui, trop souvent, profitent de l’existence d’une « armée » de travailleurs sans-papiers et sans droits, donc exploitables à merci : gouvernement et patronat !
La lutte commencée à Paris, en février 2008, avec les salariés sans-papiers du restaurant « La grande Armée » a permis la régularisation de plus de 2000 salariés.
La CGT poursuivra son combat pour la régularisation de tous les autres.
Proposition de RESF
BOURSE DU TRAVAIL : EN SORTIR PAR LE HAUT
La situation engendrée par l'affaire de la Bourse du travail depuis 14 mois est une bombe propre à faire exploser le mouvement des sans papiers et celui de leurs soutiens qui, pourtant, n'ont pas besoin de ça.
A en croire une partie de la presse, les sans papiers ne seraient plus en lutte contre le gouvernement pour leur
régularisation mais contre la CGT. Et la CGT serait le pire ennemi des sans papiers. Il faut arrêter ces délires ! (NDLR: souligné par nos
soins)
Nous croyons fermement que, dans la situation de conflit passionnel actuelle, la seule position tenable consiste à dire, à répéter, que des erreurs (et peut-être
plus) ont sans doute été commises, probablement de part et d'autres. Mais cela ne peut pas être la question de l'heure. Il faudra faire un bilan, quand nous serons sortis de la crise actuelle.
Il faudra voir, comprendre ce qui s'est passé, quelles fautes ont été commises, par qui et quand. Mais cela ne peut pas être la question d’aujourd’hui.
La question qu’il faut résoudre d’urgence est de savoir comment sortir de l'impasse. On a des dizaines, des centaines de sans papiers à la rue, menacés à tout moment d'une possible intervention policière. Nous proposons donc de geler toutes les discussions sur les responsabilités de uns et des autres jusqu’à la résolution de la crise actuelle. Tout autre attitude qui aboutirait inévitablement à de nouveaux déchirements serait irresponsable et risquerait de conduire les ex-occupants de la Bourse à la catastrophe.
La boussole, c’est que c'est le gouvernement qui est responsable de cette situation. Elle n'existe que parce qu'il refuse la régularisation. Que les ex-occupants de la Bourse obtiennent des papiers et tous les problèmes disparaissent. C’est ainsi, nous semble-t-il, que la question doit être posée. On demande des papiers au gouvernement. Point barre. Pour le reste, on verra après.
Sur la base de ces deux points (refus de tirer un bilan tant que l’affaire n’est pas réglée, et rendre le gouvernement responsable de la situation),
nous proposons que se rassemblent le maximum d’associations, de syndicats et de partis pour permettre une issue favorable pour les ex-de la Bourse.
Il est important que ce rassemblement soit large pour des raisons d'efficacité, mais aussi pour ne pas laisser en tête à tête ceux que les événements de ces
derniers mois ont dressé les uns contre les autres. Les ex-occupants de la Bourse y trouveront un appui et des relais véritables. Et, peut-être une chance de voir leurs revendications aboutir.
La CGT qui est montrée du doigt dans les médias témoignerait ainsi de se capacité à s’engager de façon efficace et spécialement désintéressée.
Nous proposons qu’une réunion se tienne samedi 27 juin à 10 heures précises à l’EDMP, 8 impasse Crozatier 75012 Paris (M° Gare de Lyon, Faidherbe-Chaligny ou Reuilly-Diderot). Cette réunion est ouverte à toutes les associations, syndicats, partis qui mesurent la gravité de ce qui se joue autour de la Bourse du Travail et désireux de peser pour qu’on en sorte par le haut.
Réseau Education sans frontières