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Jeudi 18 juin : Résistons ! Grève en soutien aux collègues de Bellefontaine !

Halte à la répression du mouvement social et à l'autoritarisme,

dans l'Académie de Toulouse !

Le 18 juin se tiendront les CAPA entérinant les « mutations dans l’intérêt du service » pour 5 de nos collègues du collège Bellefontaine et une CAPD visant une collègue pour sa correspondance privée.

La CGT Éduc’Action 31, SUD et le SE-UNSA appellent à se mettre en grève en solidarité avec les collègues de Bellefontaine !

Le 18 juin, résistons !

Lisez et diffusez

le tract intersyndical d'appel à la grève en soutien des collègues de Bellefontaine.

Du 27 novembre au 15 décembre 2015, une grève de près de trois semaines a rassemblé 90% des enseignant-es et des personnels de vie scolaire du collège Bellefontaine, en lien avec les autres établissements concernés de l'académie, contre le manque de moyens accordés pour la mise en œuvre de la nouvelle politique d'éducation prioritaire et contre l'absence de prise en compte des personnels précaires.

Dès le début du mouvement, le Principal a refusé le dialogue et est entré dans une logique d’affrontement et de dénigrement des collègues grévistes. À la suite du mouvement de grève, les collègues ont subi toute sortes de mesures de répression : de la baisse de notes administratives à l'empêchement la réalisation de projets prévus de longue date avec les élèves.

Dans cette stratégie du pire, le Rectorat et l’Inspection académique, malgré les alertes des personnels et des organisations syndicales, n'ont jamais daigné prendre la mesure de la tension et du danger psychosocial que représentait pour les un-e-s et pour les autres une telle situation de travail. Le Rectorat n'a mis en place aucune mesure, si ce n'est une médiation qui sert aujourd'hui à charger le dossier des collègues incriminés : 6 sur une quarantaine, considérés comme les leaders du mouvement social de décembre, effectivement mandatés, soit comme représentants syndicaux, soit comme élus du CA, soit comme délégués des Assemblées générales, par leurs collègues.

Le 22 mai 2015, 5 enseignants du collège de Bellefontaine ont en effet reçu par voie d'huissier deux lettres de la Rectrice de Toulouse :

  • la première lettre leur annonçait une mutation « dans l'intérêt du service » : à aucun moment le Rectorat de Toulouse n'a pu montrer que cet « intérêt du service » différait d'une volonté de faire taire des enseignant-es qui luttèrent et qui se sont ensuite retrouvé-es confronté-es à un principal, incapable de mener le dialogue social, situation que la hiérarchie a au mieux été incapable de saisir, au pire qu'elle a laissé pourrir.

  • la seconde lettre lançait pour chacun des 5 collègues une procédure disciplinaire, qui peut dans le pire des cas conduire chacun à la radiation.

Cinq jours plus tard, le 27 mai 2015, une sixième enseignante du même collège recevait une convocation pour un conseil de discipline à son encontre le jeudi 18 juin à 14h30. Elle avait déjà fait l'objet d'une attaque du Rectorat qui l'avait suspendue par mesure conservatoire pour quatre mois au sujet d'une prétendue menace à l'encontre du principal, menace jugée nulle et non avenue par le Procureur de la République, qui a rendu un avis de classement sans suite le 27 juin 2015.

La CGT Educ'action 31 poursuit sans relâche la défense de cette collègue, qui subit depuis quatre mois un véritable calvaire : nous récusons cette suspension qui l'a privée de son travail et a rompu une implication professionnelle dévouée et reconnue auprès de ses élèves ; nous dénonçons le recours à une procédure disciplinaire complètement disproportionnée, infligée au nom d'un courriel malencontreux posté dans un échange à caractère privé.

La CGT Educ'action 31 et l'UNSEN-CGT s'insurgent contre cette répression procédurière du mouvement social. En agissant de la sorte, le Rectorat, qui n'assume pas sa responsabilité dans la dégradation de la situation, s'en prend à des personnels, sans la moindre considération pour leur santé, mais aussi leur parcours et leurs engagements professionnels, y compris les plus récents. Il ne doit pas être oublié que les personnels, qui militent pour une autre école, sont aussi souvent les plus engagés dans les projets et la vie des établissements.

Pour arriver à ses fins, le Rectorat n'a en outre pas hésité à utiliser des rapports mensongers et des rapports produits par des inspecteurs qui n'ont jamais rencontré les personnes incriminées.

La CGT Educ'action 31 demande donc l'annulation de toutes les procédures engagées avec maintien des 6 collègues sur leur lieu de travail à la rentrée prochaine, et ne se contentera pas du report des commissions paritaires.

Jamais une telle répression n'avait été tentée en Haute-Garonne, ni même en France. Que le Ministère, qui semble avoir soutenu du bout des lèvres, les menées du Rectorat de Toulouse, ne s'avise pas de s'entêter. Nombre d'établissements connaissent depuis quelques années, et particulièrement en 2015, des situations de rupture inquiétante entre les chefs d'établissement et les équipes pédagogiques.

Cette accumulation de tension ne doit rien au hasard : elle est le fruit d'une politique volontaire, menée depuis la fin des années 90 et reprise activement par le Ministère socialiste avec ce qu'il appelle des réformes.

Sous couvert de décloisonnement pédagogique, et outre le fait récurrent de s'y cacher derrière pour sarcler dans les budgets, les dites « réformes », émiettées pour mieux les faire passer – REP+ (juin 2014) et ses postes SPEA (mars 2015), réforme du collège (mai 2015), réforme du statut des enseignants (août 2014), réforme des rythme scolaires, toutes dans le droit fil de la réforme du Bac pro et du lycée des années Sarkozy – ont toutes pour but de répondre à l'idéal libéral : favoriser la compétition. La preuve en est, cette comparaison permanente avec les autres pays du monde au sein de l'évaluation PISA. L'éducation est devenue une marchandise qu'il faut peser et sous-peser : le meilleur pour les meilleurs au moindre coût et qu'importent les conditions de vie et de travail.

Il faudra être le collège qui propose les meilleurs expérimentations, les meilleures méthodes, les meilleures thématiques ; il faudra être le meilleur professeur, avec le meilleur projet, le meilleur dispositif ; il faudra être le meilleur élève, celui qui aura le plus de points verts le plus vite possible.

L'autonomie, c'est d'abord celle des chefs d'établissement, et non celle des équipes comme la rhétorique de Madame la Ministre voudrait le faire croire. Le Ministère, et derrière lui, la majorité de la classe politique et de l'élite culturelle, veut tellement que nous soyons autonomes, qu'il nous crée des petites hiérarchies (coordonnateur de ceci, coordonnateur de cela, référent de ci, pilote de ça...) pour mieux nous mettre en compétition les uns avec les autres. On nous vend la coopération, mais on nous fait pratiquer la lutte.

L'autonomie, ce sont des choix permanents à faire. Le libre choix est le maître-mot de la pensée libérale. Sauf que depuis longtemps, la philosophie, la sociologie et même l'économie politique ont montré que le choix était toujours faussé et qu'il favorisait toujours les mieux placés au départ.

L'autonomie proclamée n'a pas pour but de favoriser l'émancipation, en fondant la réflexion critique sur des connaissances solides : elle ambitionne de faire acquérir aux élèves des pratiques comportementales, certes de plus en plus complexes, que le patronat réclame dans les entreprises.

Mais surtout l'autonomie, c'est la mise en concurrence. D'une région à l'autre, d'une école à l'autre. Avec derrière, le démembrement et la privatisation possible. Comme avec le rail. Il faut des années pour mener ces politiques, déjà conçues depuis trente ans, mais que fort heureusement le mouvement syndical et social, traité de conservateur, a su contrer ou ralentir.

Nous ne voulons pas de votre école de la concurrence et des hiérarchies, nous ne voulons pas de votre école capitaliste, formatrice de bons salariés dociles, qui sauront autant commander que se laisser commander.

C'est cette « école de l'autonomie » qui est exactement à l’œuvre dans le bourbier du collège de Bellefontaine. Le collège de demain ce serait donc : un chef d'établissement qui croit avoir tous les pouvoirs, des coordonnateurs qui croient pouvoir faire la leçon aux autres, la classification des personnels, l'intervention permanente de parents qui défendent leurs intérêts personnels... Les collègues n'en veulent pas : ils se sont seulement exprimés pour le dire en utilisant les droits constitutionnels, de la liberté d'expression, de la représentation sociale et du droit de grève.

Notre école est celle du Bien public, celle qui cherche à nous faire vivre ensemble, à nous faire partager le monde, au lieu de le saucissonner pour que les « meilleurs » l'engloutissent.

La CGT Éduc’Action 31 appelle tous les collègues à se mettre en grève en solidarité avec les collègues de Bellefontaine !

Le 18 juin, résistons !

Amplifions les actions pour que nos collègues et les élèves du collège Bellefontaine puissent retrouver le chemin de leur école, celle d’une culture commune à tou-tes, construite dans une exploration conviviale des savoirs.

Lisez et diffusez la Lettre de la CGT Educ'action qui reprend cet article ou le communiqué du 7 juin 2015, version raccourcie de cet article.

Tag(s) : #Actualités-actions Education, #Mobilisations, #Communiqués de Presse